Sens de la souffrance

Inévitablement, la souffrance vient à notre rencontre, de différents côtés. Il y a tellement de manières de souffrir… ! La maladie, toutes les sortes de douleurs physiques, les séparations, les conflits, les déséquilibres psychiques.  Quelle attitude adopter ? La plus naturelle est de chercher à l’éviter ou la fuir, ou alors de tenter d’en déraciner la cause. À l’opposé, certains courants ascétiques recherchent la souffrance comme un but en soi, jusqu’à y trouver une forme de jouissance qui se rapproche de perversions maladives.

Il existe une troisième voie : non pas la rechercher pour elle-même ni chercher à la fuir, mais l’accueillir dans un certain esprit. Il est possible de la recevoir et de la vivre comme une part du mystère du monde ; de reconnaître finalement qu’elle engendre l’Humain.

COmment trouver un sens à la souffrance

Voici la traduction d’une conférence de F. Benesch suivie de quelques citations qui permettent d’ouvrir des perspectives dans cette direction.

En version PDF :  Sens de la souffrance

« Il y a bien des siècles déjà, survint dans l’humanité un grand messager de la souffrance. L’annonce du grand Bouddha apparaît, lumineuse : « La vieillesse est souffrance – la maladie, la séparation, la mort sont souffrance ; être séparé de ce qui nous attire est souffrance – être lié avec ce que nous rejetons est souffrance ». Bouddha trouve l’origine de la souffrance dans la soif d’exister, car lorsque celle-ci s’éteint, la souffrance cesse également. Quelle est l’issue de cette voie ? Car elle signifierait : s’éloigner de la terre.

Quelle est la nature de ces souffrances qui apparaissent sous la forme de douleurs corporelles ? Ces douleurs étranges, purement physiques, qui donnent l’impression d’être perforé, piqué, brûlé ou rongé ? Où plongeons-nous alors, qu’est-ce donc pour un monde ? Ou alors, regardons la douleur psychique, la souffrance psychique : l’affliction, le souci, la dépression, la privation, etc. Et finalement, la souffrance spirituelle. On dit toujours qu’il n’y en aurait pas. Pourtant, elle existe aussi. Par exemple, la souffrance purement spirituelle de Faust lorsqu’il se confronte à l’énigme de l’univers, à l’impossibilité de déchiffrer les mystères dans lesquels l’homme est placé. On peut aussi évoquer ce qui peut accabler certaines personnes : le vécu, purement spirituel, de l’absence de sens de l’existence.

Où sommes-nous, lorsque nous sommes plongés dans ce monde de la douleur corporelle, dans le domaine de la souffrance et de la douleur psychique et celui de la souffrance spirituelle ?

Il ne faudrait pas croire que nous seuls, êtres humains, avons part à ce monde de souffrance. La recherche spirituelle révèle que dans la nature par exemple, dans le règne purement physique-minéral, tout processus de coagulation, de cristallisation, de durcissement, est pénétré de souffrance. Dans le monde végétal, si le fait de couper ou d’arracher une partie verte éveille un bien-être, le fait de couper ou d’arracher une racine est une souffrance. Qui ne sait pas combien le monde animal, pourtant absolument innocent, peut souffrir psychiquement ! Le regard pénètre une réalité tout d’abord difficile à saisir. Est-ce un « règne », le « règne de la souffrance », ou bien simplement le vécu subjectif de quelques êtres ? Ou bien la souffrance serait-elle une substance universelle ? Si l’on dirige le regard vers le domaine suprasensible, on assiste à la lutte que mènent depuis des éons les forces adverses avec les dieux du bien. En sont-ils « heureux » ? Mais ce que les dieux du bien subissent pose aussi une question : un ange aurait-il part, lui aussi, au monde de la souffrance, dans la mesure de son lien avec l’homme qu’il guide ? N’endure-t-il pas des expériences douloureuses à travers son être et ses comportements ? Même si cela paraît osé, on peut se dire qu’il n’existe en fait aucun domaine, aucun être qui n’ait part à ce mystère fondamental, à ce monde, à cette substance de la souffrance.

Que se passe-t-il, en fait, dans les êtres qui souffrent ? Tous les êtres souffrent d’une manière ou d’une autre, pas seulement nous, les êtres humains. On le voit au ver le plus primitif : quand on le piétine, il se tord, se contracte. Ce monde, cette substance de la souffrance qui traverse l’univers contient une force incommensurable de contraction, de concentration. Et lorsqu’on regarde la souffrance psychique, on peut découvrir qu’elle n’implique pas seulement cette force de contraction, mais aussi qu’il n’y a rien qui puisse conduire l’âme vers les profondeurs, comme le fait la souffrance. Alors que l’être souffrant se contracte, il doit s’approfondir, s’intérioriser. Cela conduit finalement à une sorte de fruit qui naît de cette concentration, de cette densification, de cet approfondissement. Les expériences et les vécus de souffrance confèrent à ce fruit une qualité inhabituelle de durée. Par suite de cette contraction, du fait de cet intériorisation, quelque chose est fécondé, qui perdure non seulement comme l’expérience d’une certaine ambiance d’âme, mais aussi comme une conscience. Celle-ci perdure, comme garant d’une conscience plus haute et durable que l’on a toujours appelée « sagesse ». Car les expériences que traverse un être sans l’amener à une expansion, sans le faire sortir de lui-même, mais qui au contraire le densifient, le contractent et l’intériorisent, deviennent son être originel même. Ainsi se présente à nous l’expérience de la souffrance et de la douleur : contraction – approfondissement – intériorisation – expérience individuelle – sagesse.

Si nous regardons ensuite vers la Passion du Christ, nous trouvons un autre point de départ pour la souffrance. Ce sont essentiellement les images de la Semaine sainte qui émergent, quand est évoquée la Passion du Christ à partir de la tradition chrétienne : l’arrestation, les coups portés au visage lors de l’interrogatoire, la flagellation, le couronnement d’épines, le poids de la croix, la crucifixion elle-même, son dernier souffle dans la soif brûlante : « donnez-moi à boire ! », ensuite l’éponge imprégnée de vinaigre et finalement la mort elle-même. Tout cela, qui apparaît de manière totalement extérieure, a pour cet être du Christ un arrière-plan des plus profonds. On ne peut pas en rester à la sentimentalité cultivée durant des siècles dans la chrétienté, qui en restait à des manifestations extérieures. Il faut essayer de diriger le regard vers la réalité intérieure. Ainsi on peut remarquer que cette Passion était le fait des trois ans et quart ; tout le temps, en fait, où cet être a vécu sur la terre. Il nous est extrêmement difficile de réaliser de l’intérieur la souffrance qu’il devait éprouver dans chaque rencontre avec un être humain. Il n’est même pas nécessaire de penser aux moments radicaux, quand le Christ Jésus était haï, diffamé, ou même simplement aux cas moins extrêmes, là où il était mal compris ou incompris, ou simplement non perçu. Car il souffrait déjà simplement du fait d’être mis en présence de quelque être humain, en ceci qu’il percevait ce que cet être humain était devenu.

Dans son « Cinquième évangile », là où il ne parle pas encore du Christ Jésus, mais simplement de Jésus, Rudolf Steiner a décrit comment cette âme humaine pure qui cheminait sur la terre sous forme humaine souffrait de ce qu’étaient devenus l’humanité et les hommes individuels. On se trouve face à cette forme particulière de souffrance, la « com-passion » ; la souffrance « avec » ; la souffrance « pour » (l’autre). Même si la « substance » de la souffrance, cette « région » de la souffrance, est déjà profondément ancrée chez des êtres humains ordinaires, par cette « souffrance avec et pour l’autre », il n’est devenu vraiment possible qu’avec cet Être de laisser émerger et recéler profondément en soi la vérité et la réalité de la souffrance de l’autre, d’une manière telle qu’il n’est peut-être pas encore possible à l’homme d’en être déjà totalement conscient. Ainsi, Il marche et vit parmi nous, en nous, celui qui ressent encore plus profondément notre propre souffrance que nous-mêmes.

Dès que l’on tente de saisir ce fait, on doit se dire qu’il s’agit de quelque chose que l’on ne peut que pressentir, sans vraiment le réaliser encore, car notre propre souffrance trouve sa cause en nous. L’être de Jésus, par contre, ne porte absolument aucune part dans la responsabilité dans cette souffrance et de ce fait, cette « souffrance avec et pour l’autre » est complète. C’est une réalité que nous ne sommes pas capables de concevoir. D’un côté, nous devons déjà en toute humilité ouvrir les yeux sur ce mystère, pour aussitôt abaisser le regard avec vénération. En même temps, nous pouvons trouver le chemin qui mène à une profonde compréhension de ce mystère lorsque nous prenons au sérieux ce que dit l’apôtre Paul dans sa lettre aux Philippiens à propos de l’Être profond du Christ : « Essayez de trouver la même attitude intérieure que celle du Christ Jésus, lui qui, étant en l’origine de stature divine, n’a pas saisi comme une exigence d’être à l’égal de Dieu, mais qui s’est dépouillé, prenant la condition d’un serviteur, devenant complètement semblable aux hommes, et, prenant stature humaine, s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, oui, jusqu’à la mort sur une croix ».(Phil. 2, 5-8).

Pour saisir un tant soit peu la totalité de cet acte, au moins le contempler, nous avons besoin d’un concept correspondant à cette dimension et à cette intensité. On ne peut cependant trouver cette dimension qu’en détournant le regard de la terre vers l’univers et en considérant le Christ en tant qu’être de dimension divine, cosmique. Regardons l’être puissant du soleil, qui respirant, pulsant et rayonnant, parcourt l’univers. Un fait parle déjà de lui-même : la « granulation », que l’on peut observer à la surface du soleil grâce à un télescope, est l’image de flammes dont le diamètre inférieur englobe l’Espagne et le Portugal réunis. Représentez-vous la flamme d’une bougie de cette dimension, dont la hauteur équivaudrait à la distance entre Ceylan et le Kamtchatka ! Des flammes immenses brûlent continuellement, elles flamboient, se maintiennent pour quelques minutes, disparaissent à nouveau, alors qu’entre temps les suivantes apparaissent déjà. Des milliers et des milliers de telles flammes couvrent toute la surface du soleil ! Je ne parlerai pas ici des autres aspects du soleil, je voulais seulement par cette image attirer l’attention sur cette dimension. On peut aligner côte à côte 109 fois toute la sphère terrestre pour atteindre la taille de sphère du soleil. Voyez-vous, on peut considérer cet organisme comme les flammes et la lumière qui rayonnent d’un être dont la taille cosmique, la dimension cosmique, est intérieurement identique avec la dimension extérieure du soleil : l’Être du Christ et le corps cosmique qui lui correspond ! Dans sa recherche spirituelle, Rudolf Steiner a établi cette relation d’être.

Avant que l’Être du Christ ne prenne corps dans le soleil, il avait encore un tout autre corps ; en fait, l’univers tout entier. Il n’est aucune étoile, qui n’ait tout d’abord été une pierre précieuse du manteau du corps d’âme de cet Être. Vouloir se placer intérieurement face à une telle dimension coupe le souffle ; nous ne pouvons que rester dans la contemplation, dans la vénération d’une vision qui reste plus ou moins extérieure. C’est bien une réalité aussi grande, aussi puissante que Paul évoque lorsqu’il dit : Il était en l’origine un Être de stature et de puissance divine, qui n’a cependant pas saisi comme une exigence d’être l’égal de Dieu, mais qui s’est offert pas à pas. Il s’est offert par le fait de se contracter, de se concentrer dans le soleil puis, ce qui est encore plus inimaginable, en délaissant le soleil comme un vêtement extérieur pour se concentrer toujours plus et plus, jusqu’à vivre enfin dans l’alentour de la terre. Que n’a-t-il pas dû déjà, pendant ce processus, offrir, déposer, laisser en arrière, abandonner – pour finalement se concentrer encore, jusqu’à ce qu’il soit possible que cet Être revête un Je dans un corps humain – lors du baptême dans le Jourdain !

Qu’est-ce qui va de pair avec ce renoncement, cette kenose comme l’appelle Paul ? On trouve la réponse à cette question à nouveau dans « Le cinquième évangile » de Rudolf Steiner, dans une affirmation claire : la souffrance que l’Être du Christ, le Fils divin, a traversée dans son chemin venant du ciel jusqu’à la terre est d’une intensité inimaginable. Mais grâce à une telle souffrance, il s’ensuivit pour lui-même une intériorisation qui le rend plus profond que tout autre, et qui lui accorde la faculté – de par son sacrifice, son renoncement, de par cette contraction à l’extrême -, de pouvoir rencontrer toute souffrance, de telle sorte qu’il peut ressentir : cela ne m’est pas étranger, je le connais encore plus profondément, je l’ai moi-même traversé.

Lorsque nous regardons l’Être du Christ, nous sommes placés, après le baptême dans le Jourdain, face à la dimension divine de son être dans cette souffrance indicible, cette douleur concentrée – la Passion du Christ –  et d’autre part nous regardons vers l’enveloppe de l’homme, l’âme de Jésus, avec sa disposition de souffrir « pour et avec » la souffrance de tout être humain – la Passion de Jésus.

La Passion du Christ n’est donc pas seulement ce qui a été mis en évidence dans le Christianisme, ce que l’on contemple dans les évènements de la Semaine sainte. Elle est aussi, partant de deux de côtés différents, ce geste de s’accorder totalement à ce monde et cette substance de la souffrance, dans l’intériorisation et la concentration ; cette expérience originelle, qui consiste principalement en l’offrande totale, inconditionnelle de soi[2].

Si l’on considère la substance de la souffrance qui traverse tout l’univers comme nous l’avons évoqué au début, on peut voir que grâce à l’acte du Christ – par le fait que l’Être du Christ est devenu homme et que l’être de Jésus a été pénétré du Christ -, quelque chose de totalement nouveau est entré dans ce domaine de la souffrance. Toute souffrance a reçu une substantialité intérieure, dont le caractère moral consiste en ce qu’il n’est pas seulement offrande inconditionnelle, mais en même temps qu’il est issu d’une volonté totalement libre. Ce qui, sinon, souffre dans le monde, est toujours – et c’est ce que dit le Bouddha – la conséquence d’une nécessité, est toujours le contrecoup de quelque chose de polaire, par le fait de lois karmiques qui découlent de la soif d’exister. De l’acte du Christ afflue dans le monde de la souffrance quelque chose qui lui donne un tout nouveau caractère. Car l’Être du Christ n’a pas seulement pris la souffrance autour de lui, mais il l’a totalement accueillie en lui, de sorte qu’il en a pénétré son être et qu’elle est devenue l’essence même de son être, ceci à partir d’une décision totalement libre, dans l’offrande de son être, accomplie purement pour l’autre. Ainsi, une impulsion est donnée à l’humanité : grâce à la contemplation intérieure de l’Être du Christ, par le fait d’apprendre, de recevoir de lui ses impulsions, apparaît en l’homme une nouvelle faculté, telle que l’instinct qui consiste à éviter la souffrance s’éteint totalement et qu’apparaît la disposition à accueillir la souffrance. Ce qui signifie : devenir prêt à dire oui aux souffrances qui surgissent en tant que nécessité dans le destin. Il s’agit non seulement de plus chercher à éviter, à fuir les souffrances, mais, bien plus, en lien avec l’Être du Christ, de s’en saisir volontairement et librement, jusqu’à s’identifier personnellement avec elles.

Il existe en effet une différence fondamentale entre le fait de souffrir parce que nous devons souffrir par nécessité, et le fait de vouloir cette même souffrance que nous avons à endurer. Car c’est seulement grâce à ce consentement à la souffrance qu’elle pourra devenir féconde. Par la souffrance humaine librement consentie peut apparaître dans l’univers une « substance de souffrance » liée à l’expérience humaine, qui permet dans les âmes individuelles un approfondissement et une intériorisation créateurs d’être. La souffrance librement consentie du Christ donne aux hommes l’impulsion d’accomplir, en plus de ce qui relève de la nécessité, l’acte libre grâce auquel la souffrance connaît un approfondissement. Ainsi, elle n’accable pas seulement l’homme, il ne doit pas seulement y être submergé, mais il peut aussi lui-même la prendre en mains – ce qui est la condition pour que son Je soit vraiment renforcé. Dans son propre Je, il n’est plus seulement lié par les suites des actes de son destin dans une logique de nécessité, mais il peut en chaque instant s’y lier dans une volonté libre, de sorte que rien de ce qu’il vit et expérimente n’est perdu.

Grâce à l’Être du Christ, la nature intérieure de la souffrance de l’univers entier, y compris celle de l’homme, a été totalement renouvelée. La prédication du grand Bouddha selon laquelle l’origine de la souffrance serait à chercher dans la soif d’exister, cette soif d’exister devant être surmontée pour que la souffrance cesse, n’est plus valable, au contraire : la souffrance doit être reconnue comme nécessaire et saisie par une volonté libre pour être spiritualisée et métamorphosée. Alors la souffrance ne cessera pas du fait de la disparition de la soif d’exister, mais elle deviendra elle-même la substance condensée – nouvellement conquise – d’une existence plus haute.

Ainsi, depuis le Mystère du Golgotha, une triple réalité apparaît en l’homme : premièrement, par toute souffrance, que ce soit notre souffrance personnelle ou celle que nous vivions au contact du monde, nous nous rapprochons du Christ. Ensuite, du fait que nous nous rapprochons du Christ, nous pouvons recevoir l’impulsion libre de la Passion sans devoir plus nous plaindre nous-mêmes. Enfin, troisièmement, à travers cela, nous créons par la souffrance elle-même un avenir totalement individuel. Car il n’y a rien de plus individuel que nos expériences liées au destin. Et finalement, nous découvrons : là où nous souffrons, le Christ souffre avec nous.

L’Être du Christ ne s’adresse pas à l’égoïsme de l’homme qui veut éviter la souffrance, il ne s’adresse pas non plus à la paresse ; il en appelle au courage de l’homme. Il peut dévoiler le sens que peut prendre ce courage, car c’est justement à travers cette expérience que l’homme peut atteindre une connaissance de soi, et ainsi en arriver à développer de la reconnaissance vis-à-vis de lui-même pour ses propres souffrances. La souffrance du Christ Jésus n’est pas seulement la rédemption d’une souffrance imparfaite ; elle est rédemption en vue d’une souffrance qui devient la matrice de l’homme nouveau. Ceci permet de comprendre ce que dit Novalis : « Des douleurs naîtra un monde nouveau ».

 Conférence donnée à Freiburg le 21 mars 1976 : « La Passion de Jésus Christ, force de rédemption pour les hommes », dans Friedrich Benesch, Christliche Feste – Weihnachten- Passion- Ostern- Himmelfahrt – Pfingsten, Urachhaus 1993

Quelques citations

Joseph Beuys

Souffrance décisive et agir décisif sont deux formes d’activité.

Friedrich Nietzsche

En ce qui concerne la maladie : ne serions-nous pas presque tentés de nous demander si elle est seulement évitable ? Seule la grande douleur est l’ultime libérateur de l’esprit. Seule la grande douleur, cette souffrance lente, qui prend son temps, dans laquelle nous nous consumons comme avec du bois vert, nous oblige à descendre dans nos ultimes profondeurs.

Rudolf Steiner

Ce qui est grand, ce qui est élevé dans le monde est donné comme fleur et comme fruit surgissant du sol nourricier de la souffrance.

Friedrich Rittelmeyer

Quand, dans la souffrance, nous ne regardons ni vers la souffrance que nous avons à endurer, ni vers les hommes qui nous en rajoutent, ni non plus vers les possibilités de vie qu’elle nous dérobe, mais que nous nous relions fermement et toujours plus fermement à la volonté divine, qui par elle vient en nous, alors la souffrance nous renforce avec une puissance insoupçonnée, et ce, surtout pour la souffrance incomprise. Alors la souffrance devient – on ne peut l’exprimer autrement – la force de vie elle-même, la plus puissante, nectar de vie divine.

Novalis

À un certain degré de conscience, il n’existe déjà aujourd’hui plus de mal – et cette conscience doit devenir permanente.

N’ai-je pas tout choisi de mon destin moi-même, depuis l’éternité ? Tout ce qui m’arrive, je le veux.

Les maladies sont certainement un objet de la plus haute importance pour l’humanité, car elles sont innombrables et que chaque homme a tellement à lutter avec elles. Mais nous ne connaissons encore que très imparfaitement l’art d’en tirer profit. La vie de l’homme cultivé n’est-elle pas une invitation continuelle à apprendre ?

Les maladies, en particulier celles qui sont longues, sont les années d’apprentissage de l’art de vivre et de la formation de l’âme.

Max Reuschle

Les douleurs nous forent et nous enfièvrent –

L’âme construit sa cathédrale

Adalbert Stifter

La souffrance est un ange sacré, à travers elle les hommes sont devenus plus grands qu’à travers toutes les joies du monde.

Margarita Woloschin

Souffrir sans amertume est un grand, peut-être le plus grand des mystères, plus profond que la mort. Ici, la vie naturelle cède la place à l’Esprit. Il luit dans notre monde comme à travers une fenêtre. Il nous regarde à travers une âme crucifiée par la vie.

Évangile de Jean 16, 20

En vérité, je vous le dis, vous pleurerez et vous verserez des larmes et le monde se réjouira. Vous serez dans le deuil, mais votre deuil deviendra de la joie. Lorsque la femme enfante, elle a de la douleur car son heure est venue.  Mais lorsqu’elle a donné le jour à l’enfant, elle ne se souvient plus de sa douleur, elle est tout à la joie d’avoir mis un être humain au monde.

[2] N.d.t : « Selbstlosigkeit »

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